Read and learn French (a Halloween short story for French learners)

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(Comme dans mon dernier article retrouvez la traduction en anglais de tous les mots en gras en fin d’article, chaque fiche de vocabulaire s’appelle FH + n° (pour Frenchy Hour), téléchargez donc aujourd’hui FH3)

Aujourd’hui, je vous propose une nouvelle courte, écrite sur mon autre blog dédié à l’écriture. En cette période d’Halloween, l’histoire semble appropriée ! C’est une nouvelle adaptée pour un bon niveau de français intermédiaire (B1 + et B2, avec aide du vocabulaire) à un niveau de français avancé (C1-C2).

– Lisez tranquillement le texte une première fois, sans vous arrêter sur le vocabulaire que vous ne connaissez pas, pour comprendre l’essentiel (au niveau intermédiaire, vous savez déjà beaucoup de choses 🙂 !)

– Réessayez à nouveau plus lentement, en essayant de comprendre dans le contexte les mots problématiques (appuyez-vous sur les mots que vous connaissez, et les connaissances de votre langue maternelle, faites des rapprochements entre les mots (scruter // scrutinize ), regardez leur construction (désarticulé // dés (le contraire) articulé (articulated) == qqun qui n’a pas les membres articulés, avec un problème d’articulation = dislocated)

– Enregistrez ou imprimez la liste et relisez encore en vous y reportant.

– Savourez tout ce que vous avez réussi à comprendre, et ne restez pas frustrés de ce que vous n’avez toujours pas compris, l’apprentissage d’une langue étrangère n’est jamais terminé, il y a toujours à découvrir, (et c’est plutôt une superbe nouvelle) !

Bonne lecture ! Attention, il s’agit ici d’adolescents, certains mots sont donc très familiers… N’hésitez pas à commenter ce texte et me faire part des difficultés de compréhension ! Je répondrai à toutes vos questions avec plaisir. (Version audio à venir)

— Vous vous sentez prête ? demanda la dame d’un âge certain, les cheveux éclairés par une lumière tamisée d’un lustre qui ressemblait en tout point à….

Laurie se revit. 17 ans plus tôt. Elle ferma les yeux.

***

Un soir d’octobre.

Dans ce village à l’heure où seuls les chats erraient dans la rue principale, les réverbères s’étaient éteints, comme bon nombre des foyers du hameau. Pas celui de Laurie. L’adolescente avait profité de l’absence de ses parents, partis braver le froid automnal pour écouter un obscur groupe de musique, pour inviter ses deux meilleures amies à dormir.

Les trois copines avaient passé l’après-midi à découper des citrouilles, se peinturlurer les bouilles et se ficher la trouille : c’était Halloween. Déguisées en squelette, zombie et autres monstres de compagnie, elles avaient menacé tout le bourg : des bonbons ou la vie !

Elles n’avaient récolté que des bonbons.

La soirée était déjà bien entamée.

Collées les unes aux autres sur le canapé, elles s’empiffraient de friandises devant des films d’horreur aux noms prometteurs : Scream et Massacre à la tronçonneuse. Garantis Sang-Frissons.

Fermée à double-tour (une précaution de Laurie), la maisonnée baignait dans l’obscurité, s’éclairant au rythme des images qui défilaient devant trois paires d’yeux où se mêlaient crainte et curiosité. C’est que, seule dans une demeure où n’importe quel demeuré pouvait se planquer derrière chaque porte, la situation semblait critique pour l’héroïne.

Driiiiiiiiiiiiiing !

Les trois adolescentes hurlèrent les trois en même temps sur le sofa. Emy et Daphné, cramoisies, se cramponnèrent l’une à l’autre.

“Qui c’est ?” réussit à croasser Emy en scrutant la porte, s’agrippant toujours plus à sa voisine de canapé.

Laurie se mit à rire, essayant de masquer sa propre panique. Habituée à effrayer ses amies, elle remercia son costume de morte-vivante qui camouflait les violents battements de son cœur.  Laurie sentit que son rire n’avait pas suffi à rassurer ses amies. Elle se leva d’un pas qu’elle voulait décidé et prit, en guise d’arme, la bouteille de Champomy qui se trouvait sur la table. C’était absurde, en plus elle était vide. Une bouteille sur le crâne, même sans alcool, ça devait faire mal à la tête, non ? se surprit à penser Laurie avant de jeter un dernier regard sur ses amies terrorisées.

Elles n’avaient pas quitté le canapé.

Laurie ouvrit la porte avec précaution. Un tour, puis deux.

Rien. Le silence pesant, le froid de la rue et son calme intimidant.

Elle resserra sa prise sur le Champomy et s’avança sur le perron, comme l’on ferait dans tout film d’horreur, avec le destin terrible qui s’ensuivait toujours dans ce type de scénario.

Bouh !

Laurie lâcha un cri et sa bouteille de protection. Devant elle, deux Freddy Krueger désarticulés se tordaient de rire : son frère Nathan et son copain Loïc. Deux imbéciles heureux.

— Alors, qu’est-ce que vous regardez les filles ? Encore un film de gonzesse je parie ! Et si on passait aux choses sérieuses ?

Comme toujours avec le grand frère de Laurie, la question était purement oratoire. Nathan avait décidé qu’Halloween était la soirée parfaite pour « faire les esprits » et il entendait bien profiter de l’absence des parents pour s’y essayer. C’est ainsi que trente minutes plus tard, deux Freddy Krueger, un squelette, un zombie et un fantôme, se trouvèrent autour de la table du salon, un verre retourné au milieu de bougies, d’une marée de sel et de lettres de l’alphabet découpées sur des bouts de papier. Nathan n’avait lésiné sur aucun détail. Loïc avait même ajouté à la tablée quelques gousses d’ail, rappelant que celui-ci repoussait les vampires, et qu’on ne savait jamais. À travers les volutes de fumées, les quatre adolescents pouffèrent, comme pour dissiper le malaise et la peur qui pointait. L’ail resta.

— Esprit, es-tu là ?

Nathan ouvrit la séance, très sérieux dans son rôle de médium médiateur. Le doigt tremblant sur le verre, les autres scrutaient le moindre de ses mouvements.

Rien.

— Esprit, es-tu là ?

Nathan reprit sa question sans sourciller,  bien décidé à en dénicher un parmi le panel qui devait rôder dans le grenier familial au milieu des araignées et des vinyles des Pink Floyd. Alors que le rire gagnait l’assemblée devant le ridicule de la situation, les jeunes sentirent une légère vibration sous leurs phalanges : le verre se déplaçait ! Il avançait péniblement vers l’un des bouts de papier marqué d’un…

OUI

La réponse, de trois lettres, s’étalait devant la mine stupéfaite des adolescents. L’envie de rire passa aussitôt. Filles comme garçons se regardaient, tétanisés, étourdis, impuissants devant le divin. Plus personne ne savait que dire ou que faire. L’angoisse se lisait sur tous les visages. Les fronts perlaient, le maquillage dégoulinait sur les visages du squelette et de la zombie.

— Qui… qui es-tu ? s’enhardit Daphné, tendue sous son drap de fantôme.

Le verre ne bougea pas d’un iota.

— Est-ce que tu peux épeler ton nom ?

Nathan reprenait du service. Le verre vibra quelque peu.

— Ça veut dire oui !

L’anxiété s’effaçait, l’excitation les saisissait. Le verre se mit à bouger lentement, puis de plus en plus vite, sous leurs yeux écarquillés.

B, A, B, A, R…

— Mais t’es vraiment qu’un bouffon ! s’écria Nathan en repoussant d’un seul coup le verre devant lui.

Loïc s’étranglait de rire devant sa petite farce.

— Si vous aviez vu vos têtes ! Non, mais sérieux, vous y croyez à ces conneries ?

— Tu gâches tout franchement ! On peut rien faire avec toi !

Le fantôme avait ôté son drap et le fustigeait du regard.

— Oh ça va, c’était pour rire ! Faut se détendre ! protesta Loïc qui n’aimait pas qu’on lui parle sur ce ton, surtout pas Daphné qui avait bien trois ans de moins que lui.

— Ben va te détendre dans la pièce d’à-côté ! continua Daphné, à présent remontée, maintenant que l’émotion était passée.

— Quoi ? Vous êtes sérieux là ?

— Disons que tu perturbes un peu la séance, et peut-être que les esprits n’aiment pas trop ça, s’avança Laurie.

— Moi je perturbe la séance ? Attends Nathan, tu vas pas laisser les potes de ta sœur faire la loi !

Nathan, toujours énervé par la mauvaise blague de son ami, ne répondit rien.

— OK, ben je vous laisse avec votre Saint-Esprit de mes deux ! Non mais le niveau de connerie là ! Bande de losers !

Loïc repoussa brutalement sa chaise et se dirigea vers la porte qui donnait sur la cuisine.  

— Hé ! P’tet que vos esprits ils parlent anglais en fait ! Do you hear me, Mr. Spirit ??

Nathan coula un regard vers sa sœur qui replaça le verre au centre de la table même si plus personne n’avait vraiment envie de jouer. Loïc continuait de hurler avec son très mauvais anglais à un public imaginaire.

Hey, Spirit, you don’t want me in room, where are you hein ? You can’t respond ? C’est normal because you’re dead !! *

Loïc claqua la porte du salon. Le lustre au-dessus des têtes des quatre adolescents se décrocha, écrasant le verre qui se morcela sous le choc. Tout le monde cria. La suite fut chaotique.

Des “oh putain, oh putain” fusèrent.

Le squelette jeta de l’ail à travers toute la pièce.

Le fantôme voulut s’enfuir.

Loïc lança des “sorry spirit sorry ”.

Nathan ramassa les verres, anticipant déjà le retour et les remontrances des parents.

Laurie se mit à répandre du sel sur tout le sol.

***

— Vous vous sentez prête ? s’assura à nouveau la dame, dont le visage n’avait pas bougé sous la lumière feutrée de la pièce.

Laurie rouvrit les yeux et regarda la dame, le lustre, et la table de ouija qui les séparait. Elle pensa à la question qui la taraudait depuis déjà huit mois : « Es-tu enfin apaisé, là où tu es ? »

— Oui.

Oui, elle était enfin prête à communiquer avec Nathan. Elle espérait si fort voir le verre se mouvoir jusqu’à ces trois lettres : OUI.

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