(Comme dans mon dernier article retrouvez la traduction en anglais de tous les mots en gras en fin d’article, chaque fiche de vocabulaire s’appelle FH + n° (pour Frenchy Hour), téléchargez donc aujourd’hui FH4)
Voici une nouvelle histoire retravaillée depuis mon autre site dédié à l’écriture. C’est une nouvelle adaptée pour un bon niveau de français intermédiaire (B1 + et B2, avec aide du vocabulaire) à un niveau de français avancé (C1-C2) même si le vocabulaire utilisé est moins recherché car l’histoire est celle d’un petit garçon de 7 ans.
– Réessayez à nouveau plus lentement, en essayant de comprendre dans le contexte les mots problématiques (appuyez-vous sur les mots que vous connaissez, et les connaissances de votre langue maternelle, faites des rapprochements entre les mots (scruter // scrutinize ), regardez leur construction (désarticulé // dés (le contraire) articulé (articulated) == qqun qui n’a pas les membres articulés, avec un problème d’articulation = dislocated)
– Enregistrez ou imprimez la liste et relisez encore en vous y reportant.
– Savourez tout ce que vous avez réussi à comprendre dans cette “nouvelle” (short story), et ne restez pas frustrés de ce que vous n’avez toujours pas compris, l’apprentissage d’une langue étrangère n’est jamais terminé, il y a toujours à découvrir, (et c’est plutôt une superbe “nouvelle” (news)) !
NOTES : l’essentiel des verbes de ce texte est au passé simple, un temps du passé plutôt utilisé en littérature, mais qui a la même visée que le passé composé : raconter une suite d’évènements et d’actions qui s’enchaînent. Le texte rapporte aussi parfois le discours de manière indirecte du petit garçon, ainsi certaines négations disparaissent (il n’aime pas / il aime pas).
Le cimetière des animaux
7h. Gaël se leva, surexcité à l’idée de découvrir ses cadeaux. C’était son anniversaire. La porte de la chambre de ses parents était fermée. Il prépara lui-même son bol avec ses céréales préférées – sa mère les laissait toujours dans un placard à sa portée – et était prêt à les attendre de pied ferme devant un dessin animé. Il avait le droit, c’était un jour spécial, comme Noël et quelques dimanches dans l’année où il pouvait même regarder trois épisodes à la suite parce que ses parents avaient « mal aux cheveux ». Lui n’avait jamais compris comment on pouvait avoir mal aux cheveux parce qu’on sentait pas les cheveux sur sa tête, sauf si on les tirait trop fort. Son père lui avait répondu qu’il comprendrait quand il serait plus grand. Peut-être que ce serait aujourd’hui, parce qu’il avait 7 ans maintenant.
Alors qu’il avait mis pour la 31ème fois – il avait compté – le Roi Lion, et qu’il assistait avec joie à la 31ème naissance de Simba, le fameux lionceau, il entendit des voix provenir du garage. Ah ! Peut-être qu’il allait enfin avoir ce vélo dont il avait toujours rêvé ! Peut-être qu’à force de l’avoir répété à ses parents ces dernières semaines… peut-être qu’ils avaient capté ce qu’il voulait vraiment pour son anniversaire. Il espérait que ses parents l’avaient pris en vert et non pas en bleu, même s’il adorait ces deux couleurs, mais le vert, c’était plus chouette sur un vélo, et puis Tim son meilleur copain avait déjà un vélo bleu… N’en pouvant plus, il ouvrit la porte à la volée. Ses parents se figèrent, son père tenta de dissimuler sous une serviette une chose compacte qui n’avait pas du tout la forme d’un tricycle, ou alors, faudrait qu’il le monte, comme des Lego géants. Il se précipita dessus et, avec une rapidité qui prit son père de court, souleva le bout de tissu. Trop tard.
Gaël vit Patate, son chat au pelage gris, posé sur le sol. Il ne comprit pas tout de suite pourquoi son chat ne ronronnait pas, lui qui s’activait comme un moteur dès que ses yeux croisaient les siens. Son corps était tout froid, alors que c’était un peu la bouillotte de Gaël quand il se mettait sur le canapé. Son père le prit dans ses bras et lui murmura que Patate s’était endormi à jamais et qu’ils allaient tous les trois lui construire une jolie carriole dans une boîte pour qu’il aille dans les cieux. Il fallut expliquer au petit garçon qui s’inquiétait de ne pas réussir à construire des roues que là où Patate allait, il n’en aurait pas besoin, mais qu’il pouvait glisser dans le carton les objets qu’il voulait.
Le cœur lourd mais prenant très au sérieux sa mission, Gaël mit une bonne demi-heure à sélectionner les objets qui accompagneraient son chat. La langue tirée, il opta finalement pour une photo où les deux s’étaient planqués dans une panière à linge, quelques croquettes, celles du soir – si Patate avait un creux – et sa souris en plastique qui n’avait plus de tête, pour qu’il s’ennuie pas.
Le petit garçon pleura beaucoup quand son père creusa le trou dans le “cimetière des animaux”, au fond du jardin, où reposaient déjà trois poissons qui n’avaient pas survécu malgré la diligence de Gaël qui leur avait donné des restes de poulet un soir qu’il n’avait plus faim. Pourtant, c’était pas après minuit, il avait bien vérifié. Il avait fait très attention. Il se rappelait très bien le fim, un Gremlins* était vite arrivé.
La journée passa tristement malgré les efforts de ses parents pour lui remonter le moral ; il eut même le droit à ses cookies préférés, les gros avec du chocolat blanc qui colle entre les dents. À l’immense surprise de ses parents, Gaël ne réclama pas une seule seconde ses cadeaux, annonçant à ses parents qu’il faisait une journée d’hommage à Patate. Oublié le vélo vert ! L’enfant resta dans le jardin une majeure partie de la matinée et de l’après-midi, ne rentrant à l’intérieur que pour manger des cookies, et s’en resservir…
Au moment de se coucher, Gaël se mit à la fenêtre de sa chambre, comme il le faisait tous les soirs pour dire bonne nuit à son chat qui adorait y dormir sur le rebord. Ça avait toujours leur rituel et il n’allait pas l’abandonner de sitôt ! « Dors bien mon Patate » murmura-t-il, étouffant des sanglots. Puis il envoya à la nuit des baisers volants vers le cimetière des animaux. C’est alors qu’à travers ses yeux brillants et les carreaux, il aperçut une forme informe, nonchalante, qui remontait tranquillement le jardin, le pelage gris illuminé par une lune claire ! Patate ! Aucun doute possible ! C’était bien sa grosse tête qui se frottait à la vitre maintenant ! La chambrée se ralluma aussitôt et on entendit dans tout le village des exclamations de joie et de surprise qui réveillèrent les grands dormeurs et la vieille église.
***
Les parents, confus, ne surent jamais quel autre chat était parti dans une carriole faite de papier crépon et de bouts de ficelle mais, trop heureux de cette résurrection surréaliste, rachetèrent une souris en plastique avec une tête bien vissée sur le dessus. C’est pourquoi, lorsque la grand-mère maternelle vint à disparaître deux mois plus tard, créant un vide dans la famille, le petit garçon, lové contre son chat Patate ne versa aucune larme en apprenant la nouvelle.
Non, Gaël était pas triste car il savait qu’à la nuit tombée, mémé reviendrait elle aussi du cimetière. Des humains bien, sûr, pas des animaux. Il était pas si bête ! Il avait 7 ans quand même !
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Image par bess.hamiti@gmail.com de Pixabay
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